Mode

Published on juin 22nd, 2012 | by Hervé Dewintre

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On fashion and shame

Coup de cœur éditorial pour Vestoj (« vêtement » en espéranto) qui célèbre le 27 juin son 3ème numéro au Palais de Tokyo.  La rédactrice en chef Anja Aronowsky Cronberg n’est pas une inconnue. Diplômée de la Central Saint Martins, (« BA in Fine Art, knitting and embroidering) et du Royal College of Art (« MA, with distinction, in History of Design) où elle devint une experte du phénomène vintage,  Anja s’illustra brillamment comme journaliste pour Acne Paper, qui est la gloire des magazine de mode indépendants.

Pour cette sortie, elle nous promet  une multitude de performances réalisées par … Vous n’en saurez pas davantage : c’est un secret. Sachez simplement que ce nouveau numéro est consacré à la mode (bien évidemment) et à la honte (ce qui est  plus insolite).

Insolite mais guère surprenant. Central Saint Martins College of Art and Design, basé à Londres, est une institution célébrée pour la prestigieuse renommée de ses anciens étudiants. Personne n’ignore que John Galliano, Alexander Mcqueen ou encore Phoebe Philo y firent leur apprentissage à une époque où l’école se dressait au 107 Charing Cross road au sein d’un quartier populaire, cosmopolite et vivant : c’était  avant de s’installer près de Saint Pancras, dans le nord de Londres, plus lisse et « bobo » – et de tripler au passage ses frais de scolarité.

La mode, à Central Saint Martins, n’est pas une finalité mais une composante d’un grand Tout: ce Tout, c’est l’Art qui comprend le design, le graphisme, la scénographie mais aussi la musique ou la poterie. Pendant que les écoles parisiennes mettent en lumière les techniques, l’apprentissage d’une certaine « main », Central Saint Martins apprend  à créer : le processus créatif prime sur tout ; au besoin, des couturières  sont là pour régler les détails compliqués.

Si nous connaissons bien l’impressionnante galerie de designers qui ont fréquenté CHaring Cross, on sait moins que les sex pistols et les clashs y fourbirent leurs premières armes auditives et que l’école, dans les années 70 et 80 fut un le formidable creuset d’une génération d’artistes, de musiciens, de graphistes et de DA qui prolongèrent bruyamment les échos du mouvement punk à mi-chemin entre la révolte arty et la rêverie intello.

Vestoj, c’est le descendant de cette histoire. Un manifeste plus qu’un magazine. Cérébral et déjanté. Animé par l’ardente conviction de réconcilier la mode et l’élégance (quelle folie!) à grands coups d’analyses dans lesquelles le mot « intellectuel » revient souvent. Evidemment, intellectuel, c’est un terme un peu effrayant et certains lecteurs stupéfaits n’y verront, non sans raison, qu’une ronronnante litanie de mots. Cependant, les grands enfants que nous sommes, pour qui la folie douce est une délicieuse originalité, accepteront volontiers de se pencher sur ces extravagantes incongruités, surtout  si elles contredisent les idées reçues.

 

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